Margaux Toqué Actualités
Dernière mise à jour
2024-04-19
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2022-02-16 14:48:07
Epopée tragique et bouleversante aventure humaine, La Khovantchina est une œuvre liée au destin : destin de Moussorgski lui-même dont la mort devait interrompre l’achèvement de l’œuvre (qui le sera par Rimski-Korsakov mais avec des travestissements heureusement balayés par Chostakovitch quand il reprendra la partition pour en donner la version la plus proche de la volonté originale de Moussorgski – celle qu’on entend à l’Opéra Bastille), destin du peuple russe dans son combat jamais terminé pour la liberté, destin de quelques personnages, Marfa, Dossiféï, qui en incarnent l’expression la plus noble. Faite de monologues véhéments, de prophéties incohérentes, de duos passionnés, de chœurs impressionnants qui puisent largement aux sources du chant liturgique orthodoxe, La Khovantchina est une fresque animée d’un souffle lyrique peu commun mais refusant toute théâtralité conventionnelle. C’est ce qui en fait son intérêt. On comprend qu’il y faut une conjonction de forces rarement réunies, un orchestre d’abord qui sache […]
2021-05-06 04:04:36
Une immense pièce aux lambris de bois clair, éclairée par trois fenêtres à gauche, donnant sur la mer, on imagine. La lumière entre à flots. Tout n’est (pour le moment) qu’ordre, luxe, calme et volupté. Un lit à droite. Des draps s’agitent, une femme émerge du sommeil, vrai lever de reine. La pièce est envahie par son personnel, fringant et évidemment impeccable. Petit monde replié sur lui-même et ses souvenirs. Un grand tableau (moitié le M. Bertin d’Ingres, moitié DSK) rappelle le souvenir du prince consort de cette reine-là. Il faudra se souvenir de cette sérénité quand tout se déglinguera… © GTG-Carole Parodi Mise en abîme Le spectacle de Genève est bâti sur le principe du redoublement : la partition de Purcell est assez courte, on le sait, une cinquantaine de minutes environ. On a donc demandé au collectif belge Peeping Tom, et au metteur en scène Franck […]
2021-03-29 08:08:42
Non, Cimarosa n’est pas le seul à avoir intitulé un délicieux et minuscule opéra Il Maestro di cappella en 1793. Presque 20 ans plus tard, un autre italien bien oublié aujourd’hui, Ferdinando Paër (il existe plusieurs orthographes possibles de son nom), choisissait le même titre mais en français, pour son nouvel opéra-comique. Ce Maître de chapelle n’a cependant rien à voir avec celui de son illustre compatriote. Là où Cimarosa décrivait une savoureuse répétition d’orchestre, cantonnée à un seul interprète – le chef lui-même – Paër met en musique une véritable histoire, écrite en l’occurrence par une autrice et compositrice, Sophie Gay, née Nichault de la Valette. Celle-ci a tiré son livret du Souper imprévu, ou le Chanoine de Milan d’Alexandre Duval, une pièce parue à la fin du siècle précédent. Le sous-titre Le Souper imprévu est d'ailleurs ajouté au titre principal de l'opéra. Le maître de chapelle, c’est Barnabé. Lorsque l’opéra commence, […]
2021-02-07 13:53:59
Français - V'lan dans l'oeil de Hervé à Bordeaux... et de trois !
Et de trois ! Après Les Chevaliers de la Table-Ronde et Mam’zelle Nitouche, au Grand-Théâtre de Bordeaux, le duo Pierre-André Weitz et Christophe Grapperon redonnent sa chance à un opéra-bouffe de Louis-Auguste-Florimond Ronger dit Hervé (et surnommé le « compositeur Toqué » !). Créé au Théâtre des Folies-Dramatiques à Paris en 1867, et d’abord intitulé l’Œil crevé, V’lan dans l’œil est un ouvrage aussi Toqué que son compositeur. Tout en s'inspirant vaguement du Freischütz de Weber, Hervé et son librettiste Hector Crémieux détournent le propos originel pour en donner une version complètement barrée : la jeune Fleur-de-noblesse – fille d’un marquis qui n’a de goût que pour la menuiserie au point de proférer : « Peu importe le mari que l’on me destine tant qu’il rabote bien ! » – voit son œil (faussement) perforé par une flèche lors d’un tournoi truqué, un stratagème inventé par la donzelle pour parvenir à ses fins et convoler […]