André David Podcasts
compositeur français
- opéra
- France
- compositeur ou compositrice
Dernière mise à jour
2024-05-09
Actualiser
La Sonate « Appassionata » de Beethoven est tenue pour objectivement plus importante que la « Rêverie sur la musique blessée, dénaturée, violée, assassinée par beaucoup de cuistres contemporains » de Robert Caby. Mais il peut tout de même y avoir des raisons subjectives et néanmoins très importantes de préférer jouer l’Andante « 24 février » d’un Ervin Nyiregyhazi que Gaspard de la nuit de Maurice Ravel. Cette semaine, Metaclassique s’est rendu chez un pianiste chineur qui collectionne les œuvres de compositeurs qui ont échappés à la consécration. Et si François Mardirossian en est venu à s’attacher à ces musiciens, c’est parce qu’il a pris l’habitude de chiner si bien que toutes les partitions dont il a fait l’acquisition sont chargées d’une histoire singulière. Pendant les deux journées d’enregistrement dont cette émission vient vous offrir un condensé, nous avons égrené plus de cinquante partitions, cinquante artistes dévoués à la musique dont le point commun objectif est de ne pas avoir été retenues par la grande histoire, mais dont le seul point commun consistant est d’avoir été chiné par François Mardirossian Une émission produite et réalisée par David Christoffel.
Walter Benjamin écrivait « Le chroniqueur qui narre les événements sans jamais vouloir distinguer les petits des grands tient compte de cette vérité majeure que rien qui jamais se sera produit ne devrait être perdu pour l’histoire. » (Sur le concept d’histoire, 3). Cette phrase est citée par Jacques-Henri Michot dans un livre achevé d’imprimer le 24 avril 2023, Au jour dit – Le 24 avril en France aux éditions Al Dante, où l’on peut donc lire une série d’événements sans discrimination d’importance, tous survenus un 24 avril. Par exemple, c’est le 24 avril 1780 que Mozart terminait une lettre à sa cousine par : « A vos parents, de nous trois, deux garçons et une fille, 12345678987654321 compliments, et à tous les bons amis de ma part 624, de la part de mon père 100, et celle de ma sœur 150, ensemble 1774, et summa summarun, 12345678987656095 compliments. » Depuis Un ABC de la barbarie paru en 1998, en passant par Derniers temps publié par les éditions NOUS en 2021, ce Metaclassique va cheminer avec Jacques-Henri Michot dans les références à la musique qui parsèment ses livres à travers l’agencement si particulier que produisent les coïncidences de dates dont son œuvre offre donc une collection. Une émission produite par David Christoffel et réalisée avec Swann Bonnet. L’entretien a été enregistré en deux fois au domicile de Jacques-Henri Michot à Marcq-en-Barœul près de Lille, les 9 octobre et 18 décembre 2023.
Au début du 19è siècle, le goût pour les contrastes dynamiques semble s’être généralisé au point que les nuances extrêmes et les sauts entre pianissimo et fortissimo passent dans le langage musical usuel. Dans la même période, on semble porter une attention de plus en plus soutenue à l’homogénéité de la couleur de la voix ou d’un instrument dans tous les registres de sa tessiture. Dans un contexte qui passe volontiers les questions d’expression au crible des connaissances scientifiques, l’Académie des Sciences s’en mêle en lançant en 1840 un appel pour que les chercheurs à donner des explications anatomiques, acoustique et physiologiques au mécanisme de la voix humaine. Les mémoires et traités sur la voix fleurissent, les médecins et les profs de chant croient parler de la même chose alors que sans doute pas tout à fait. Parmi eux, il y en a un qui est à la fois médecin et professeur de chant au Conservatoire, Manuel Garcia fils qui va pousser l’investigation jusqu’à développer un « laryngoscope » pour examiner le fonctionnement du larynx en train de chanter. Ledit « laryngoscope » est devenu un objet patrimonial qui a été acquis par la Villa Viardot, du nom de Pauline Viardot, la sœur de Manuel Garcia fils. Et c’est justement à la Villa Viardot à Bougival, à l’occasion de sa réouverture au public après sa restauration que le Centre Européen de Musique a offert à Metaclassique le soin d’inaugurer ses salons pour enregistrer cette émission pour offrir un premier événement à la mesure de ses enjeux : l’histoire du laryngoscope et, à travers lui, des débats scientifiques qui entouraient la voix lyrique à la grande époque du bel canto. Pour ce faire, nous accueillons Michèle Castellengo, chercheuse CNRS au Laboratoire d’Alembert qui a signé, en 2015 aux éditions Eryolles Ecoute musicale et acoustique, mais aussi l’historien du chant Pierre Girod qui enseigne à l’Université de Toulouse et Alessandro Patalini qui enseigne le chant au Conservatoire Frescobaldi de Ferrara et qui a édité « I dodici terzetti notturni senza accompagnamento di Manuel Garcìa Sr. » Et puis, en fin d’émission, nous recevrons celui sans qui nous ne pourrions être dans cette Villa Viardot : le président-fondateur du Centre Européen de Musique, Jorge Chaminé qui est à l’origine de la restauration de la Villa Viardot et de l’acquisition du laryngoscope de Manuel Garcia fils. Une émission produite et réalisée par David Christoffel. Autres numéros de Metaclassique conçus en complicité avec le Centre Européen de Musique : #122 – Vénérer, #141 – Ancrer et #178 – Européaniser. Autres numéros de Metaclassique sur les objets scientifiques de la musique : #35 – Onduler (sur le thérémin), #110 – Mouiller (sur l’harmonica de verre), #134 – Chronométrer (sur le métronome), #222 – Combiner (sur le componium de Winkel) et #254 – Accorder (sur le diapason).
Un compositeur pourrait être un phare pour un autre et lui écrire : « vous êtes à un virage extrêmement important dont je m’estime être le panneau signalisateur. Vous pouvez brûler ce panneau et passer outre mais j’ai l’intention, vis-à-vis de vous, de faire mon devoir jusqu’au bout. » Une manière de lui renvoyer la pareille est, en miroir, pour le compositeur qui reçoit le panneau signalisateur de lui-même faire feu d’avertissement, en lui répondant : « Vous êtes si vivement intelligent que vous vous trompez plus radicalement que la moyenne. Vous voyez, vous raisonnez puis vous cessez d’observer. » Ces phrases en équilibre entre estime et défiance sont extraites de lettres que se sont échangées, à la fin des années 1950, Pierre Schaeffer et Iannis Xenakis. Le premier avait fondé une dizaine d’années plus tôt la « musique concrète ». Le second venait de réaliser Concret PH pour le pavillon Philips de l’exposition universelle de Bruxelles. Deux compositeurs qui partageaient le point commun d’avoir été formé à Polytechnique, qui avaient certainement une grande conscience de l’importance de l’autre, mais qui n’avaient pas la même conception des rapports entre musique et science. Pour tenter de comprendre les tenants et aboutissants de la querelle, de reconstituer les raisons et les sentiments qui ont alimentés la brouille entre les deux compositeurs, Metaclassique est installé cette semaine dans l’espace musique de la Bibliothèque publique d’information du Centre Pompidou pour accueillir deux témoins : Jacqueline Schaeffer qui a été la compagne de Pierre Schaeffer de 1959 jusqu’à sa mort, en 1995 et Mâkhi Xenakis, la fille de Iannis Xenakis, mais aussi deux musicologues qui se sont intéressés à l’un et l’autre des compositeurs : côté Xenakis, Pierre Carré et côté Schaeffer, Nicolas Debade. Une émission produite et réalisée par David Christoffel. Autre émission consacrée à Iannis Xenakis : #147 – Foncer. Autres émissions évoquant Pierre Schaeffer : #14 – Traduire, #100 – Cristalliser et #226 – Reluder
ou
- chronologie: Compositeurs (Europe).
- Index (par ordre alphabétique): D...